La société de demain,
le monde et l’homme, dépendent de la jeunesse,
de l’enfant d’aujourd’hui grâce à l’éducation
que nous lui réservons. Ce lendemain sera terni
ou peut-être pas par des manquements dû
à l’insouciance d’un moment pourtant très
important.
Nul ne peut nier que nous entendons
de plus en plus les remarques suivantes attribuées
aux enfants et à la jeunesse d’une manière
générale :
« Livrés à eux-mêmes,
souvent les enfants sont, par manque d’éducation,
irrespectueux, impolis, vandales, se laissant aller
à la provocation et de surcroît, ils sont
de plus en plus paresseux et exigeant. Ils veulent s’affirme,
reste à savoir pourquoi ? Pour qui ?
Ces enfants n’aident plus leurs parents ou d’autres
personnes. Ils ne reconnaissent plus l’amour que leur
avait donné leur maman. Il n’ont plus le goût
de l’effort et manquent considérablement de serviabilité,
voire même quand les services à rendre
les concernent directement. »
Mais plutôt que de blâmer
cette jeunesse en perdition, nous essayerons de rechercher
les véritables causes de ces observations et
de quoi, raisonnablement, nous prétendons qu’ils
sont aussi victimes d’une erreur d’éducation
et qui sait, bien que dépassée, conçue
comme correcte partant d’un bon sentiment ou de «
bon sens » comme nous avons coutume de dire. Quoi
qu’on en dise, nos aînés, nous-mêmes,
n’avons pas laissé un héritage possible
à nos enfants pour leur accorder une autre façon
de se discipliner réellement. En toute honnêteté,
il suffit de jeter un regard sur nos propres passées,
avec toutes les calamités que l’histoire ne peut
nous cacher. Ainsi, les erreurs se répètent
et deviennent plus aiguës de décennies en
décennies. Cette même génération
commet également les maladresses, les mêmes
égarements et les transmettent à nouveau
à leurs descendants. Peut-on endiguer ce phénomène
à répétition ?
Que nous acceptions ou non, la société
moderne voudrait s’affranchir de toutes sortes d’obligations
tout en essayant à cor et à cris de réclamer
plus de droit, de démocratie, de tolérance,
de liberté et de justice. La violence est banalisée
dans les secteurs les plus variés quand des moyens
plus violents encore sont renforcés, non pas
pour se préserver de quelques valeurs mais pour
sauvegarder des privilèges dispensés par
des moyens plus ou moins tolérables, en tout
cas, honnêtes. Ce sera donc au nom de la république,
de la sécurité publique ou nationale et
de la préservation de la morale que l’on s’agitera
! Les droits de l’enfant, de la femme, de l’homme, du
chien, du chat,et en voulez-vous ! Ils passent pour
les meilleures motivations, ils seront autant d’excuses
ou de causes pour s’effacer devant une responsabilité
qui incombe celles et ceux qui fuient l’ombre de leur
amour propre, mais aussi et surtout, de leur devoir
pour sauver un monde fleuri qui se fane progressivement
empruntant le spectre de l’outrage, une silhouette toute
voilée entachée de mépris.
Sommes-nous certainement des «
contestataires » ? C’est fort probable, mais nous
serions condamnables de passer outre et de croire qu’il
faut oublier, ignorer les véritables causes de
la douleur de ses enfants comme celle de leurs parents
perdus, désarmés ne sachant plus à
quel saint se vouer.
En fait, l’hypocrisie a toujours entretenu
des convictions de l’esprit au profit d’un intérêt
d’abord lucratif au plan particulier, puis économique
dans son ensemble. Pour bien vendre il faut publiciser
sans prévenir des dangers encourus, sans informer.
La sexualité est aussi mise au grand jour, à
tout vent parce que, dit-on : « il faut vivre
son temps » comme la violence et la dépravation
sont devenues la culture de base. Bref, tout ce qui
nous déstabilise et nous désole au plus
profond de notre âme.
Pourtant, lorsque vous regardez un enfant
de quelques jours ou de quelques mois, combien êtes-vous
ébahis de le voir si serein, souriant ; parfois
même, on aurait dit qu’il vous bénisse,
vous voyant heureux, admiratif et amusé, pour
un temps il est vrai, à son égard. Il
vous rend cette douceur comme cette béatitude
de mille façons.
Vous ne saurez pas les interpréter,
mais au fil du temps, vous douterez peut-être,
et, vous regretterez amèrement vos relations.
Comme le disait si bien un philosophe libanais :
Parce que « nos enfants ne sont
pas nos enfants !»
***********
Nous avons tous étaient des enfants,
nous étions aussi jeunes heureux, malheureux.
Mais aujourd’hui, nous voici face à de nouvelles
perspectives. Plus précisément, demain
pourrait être « meilleur » qu’hier
malgré la ténacité, la cruauté,
la barbarie de notre moment présent.
Nous avons parlé des intérêts réels
que procure le respect d’autrui, qu’il ne paraît
pas utile de revenir sur ce point bien qu’important.
Les enfants ne naissent pas racistes,
voleurs, séparatistes, démocrates, marxistes,
capitalistes, criminels, sages, ils le deviennent, pas
malgré eux, mais grâce à l’environnement
qui leur est attribué et à l’éducation
qu’on leur donne. Certes, nous avons envie en tant qu’adultes,
de les choyer, de les aimer de leur donner une éducation
scolaire, universitaire toujours ambitieuse pleine de
promesses.
Psychologiquement et physiquement, les enfants dépenses
beaucoup d’énergie car ils veulent découvrir
et le temps n’a aucune valeur pour eux. Ce désir
de connaître est donc illimité dans l’espace
et le temps. Ils souhaitent la permanence, de faire
abstraction de ce que considèrent les adultes
comme étant plus important et qui est forcément
désagréable en ce qui les concerne. Généralement,
on apprend actuellement aux jeunes plutôt de recevoir
que de donner sous forme de service. Concernant l’amour,
tout « bifurque » sur la sexualité
quand on sait que la nature aussi est à découvrir
non pas simplement par l’intermédiaire d’une
colonie de vacances, mais bien à la maison dans
des tâches anodines, dans le jardin, sur le balcon
ou rarement devant un reportage télévisée
qui est consacrée à la vie des peuples
ou de la nature.
Rendre service, c’est d’abord savoir écouter
celui qui enseigne, celui qui sait. La vie à
l’école est une chose, à la maison, au
sein de la cellule familiale en est une autre. L’homme
est un imitateur, les enfants le sont davantage.
La particularité de l’enfance
est très importante. Chaque enfant a une personnalité
bien à lui. Nous pouvons faire d’un enfant soit
un bourreau, soit un ange et c’est lui qui guidera les
autres plus tard. La responsabilité de l’adulte
est de s’efforcer de « crypter » si on peut
dire le type d’enfant à qui il dispense son savoir
sur la vie en général. Les responsables
des écoles ne peuvent s’étendre sur ce
champ d’expérience qui consiste à aider
l’enfant à s’aimer lui-même afin de pouvoir
étendre autour de lui une différente appréciation
des gens, une appréciation constructive, réparatrice.
C’est donc dans le monde des adultes que se retrouve
son actuel comportement.
Des êtres incultes, incapables de transmettre
l’amour ne peuvent, en aucun cas prendre le risque,
s’hasarder d’accepter de guider des âmes «
cherchants » ces enfants qui ne demandent qu’à
connaître la voie de la sagesse et de la mesure,
du moins dans les premières années de
leur vie.
Si nous sommes plus crétins qu’idiots,
il serait plus sage de notre part, d’exercer d’autres
activités épanouissantes pour nous, que
de vouloir éduquer ce que nous ne comprenons
pas nous-mêmes, des êtres encore sensibles
à la beauté et à l’amour vrai.
Ce serait admettre l’incohérence et ferait de
nous des criminels potentiels que la société
ne sait pas quoi en faire ! Parce que les enfants n’ont
pas à supporter les velléités de
quelques voyous, des charlatans vaniteux aux paroles
creuses tout autant dans leurs gestes.
La libération des instincts primaires
de l’homme a fortement et réellement déclenché
chez les enfants une espèce de « trop plein
» une indigestion de la permissivité et
une incapacité incontrôlable. Cela va de
la morale, de la discipline, du courage en passant par
l’abandon des parents qui ne peuvent pas ou plus les
suivre dû à leurs obligations domestiques
et professionnelles. Finalement, on les apprend à
ne pas aimer, à séparer, à insulter,
à mentir et à être violent. Les
paroles violentes, insultantes vicieuses sont autant
nuisibles que les actes de violences de nature physique.
Elles peuvent être haineuses, trompeuses écrites,
elles se lisent dans des plaidoiries, dans les lettres
entres amis et ennemis etc. Aujourd’hui les enfants
côtoient quotidiennement ces phénomènes
que les adultes considèrent justes et bons de
leur faire part, en prétendant que nous vivons
une nouvelle époque, moderne, un nouvel âge
et une société responsable, mais dans
quel sens ? L’électricité est bénéfique
faut-il encore savoir la maîtriser, car elle peut
jouer de mauvais tour à celui qui ne sait pas
l’utiliser !
Notre utopie est de ne plus proposer
à la nouvelle génération des spectacles
de gens qui s’adorent s’entretuer, à voir du
sang couler dans les films et parfois, dans la réalité.
Laisser le monde du sexe là où il satisfait
certaines personnes lasses de ce qu’elles représentent
pour elles-mêmes. On ne peut pas parler d’égalité
entre l’enfant qui traverse ce long sentier de la découverte,
du courage et l’homme d’expérience qui peut se
limiter dans ses désirs, nous parlons bien entendu
de l’adulte responsable. Il peut y avoir une amitié,
un échange de bonheur, de travail en commun,
mais la tendre enfance n’est pas prête pour ingurgiter
des balivernes et des grossièretés, des
actes, de mots qui finissent par l’étouffer et
le détruire.
La société dite civilisée
a fait des choix en bien des domaines. Certains sont
évocateurs d’absurdités incommensurables,
d’autres auraient pu être plus bénéfiques
qu’ils paraissent. D’un côté, cette nouvelle
culture engorge les tribunaux, de l’autre, elle crée
des désertions psychologiques au cœur de la famille,
à cela, s’ajoutent des enfants, ne sachant l’exprimer
que par le refoulement, et ils en souffrent cruellement.
Contrairement à ce qui se laisse confirmer, les
enfants ne sont pas des athées ou des croyants.
On leur enseigne par habitude. L’attitude des adultes
d’avoir une position de croyance à la non croyance,
serait également un mauvais exemple. Autrement
dit, de croire à ce qu’il ne faut pas, et de
ne pas croire à ce qu’il faudrait, quand, de
toute façon, tout repose sur des théories
de croyances en l’absence comme en la présence
de faits ou de circonstances impossibles à prouver
dans un sens comme dans un autre. On ne sait pas leur
dire que ceci existe pour telle ou telle raison ou n’existe
pas pour telle ou telle autre cause. On leur demande
de croire et non de réfléchir ce qui aurait
pu les amener un jour, grâce à leur expérience
personnelle, à une conclusion qui les satisferaient
pleinement.
L’absence de cohésion familiale
perturbe les jeunes enfants. Les maisons ou centres
d’éducation ne pallient pas à cette chaleur
ou chaque membre de la famille partage les hauts et
les bas du groupe comme à celui de l’individu.
La consommation, l’informatisation à outrance
de leur divertissement sont autant de causes qui paralysent
actuellement les relations enfants-parents.
Par ailleurs, les parents sont bien sûr responsables
de l’équilibre des enfants. Des pères
et des mères qui s’entredéchirent usant
le mensonge et la tromperie ne pourront jamais s’attendre
à avoir des enfants merveilleux, doux, joyeux,
sages et respectueux. Tôt ou tard, ils récolteront
ce qu’ils auront semé. Des parents qui ne s’aiment
pas ou font mine de s’aimer pour tromper leur fils ou
fille, leur entourage, n’échapperont pas non
plus aux revers de la médaille.
Pour terminer ce chapitre important,
nous allons tout simplement comme d’habitude, méditer
sur quelques citations de philosophie pratique :
Pensées de Platon :
« Lorsque les pères s’habituent
à laisser faire les enfants,
Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles,
Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves
et préfèrent les flatter,
Lorsque les jeunes méprisent les lois parce qu’ils
ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité
de rien ni de personne,
Alors, c’est là en toute beauté et en
toute jeunesse le début de la tyrannie. »
Dans son livre « le prophète
», Khalil Gibran (1883/1931) le philosophe libanais
dit :
« Et une femme qui tenait un bébé
sur son sein dit, Parle-nous des enfants.
Et il répond :
« Vos enfants ne sont pas enfants.
Ils sont fils et filles du désir de vie en lui-même.
Ils viennent par vous mais non de vous.
Et bien qu’ils soient avec vous, ce n’est pas à
vous qu’ils appartiennent.
Vous pouvez leur donner votre amour
mais non vos pensées.
Vous pouvez loger leurs corps mais non leurs âmes,
Car leurs âmes habitent la demeure de demain,
que vous ne pourrez visiter, pas même dans vos
rêves.
Vous pouvez vous efforcer de leur ressembler, mais n’essayez
pas qu’ils vous ressemblent.
Car la vie ne retourne pas en arrière ni ne s’attarde
à hier.
Vous êtes les arcs qui projettent vos enfants
telles des flèches vivantes.
L’Archer voit la cible sur le chemin de l’infini, et
il vous courbe avec toute Sa force pour que Ses flèches
aillent vite et loin.
Que cette courbure, dans les mains de l’Archer tende
à la joie ;
Car comme Il aime la flèche qui vole, Il aime
aussi l’arc qui est stable.
Dans la prochaine et dernière
partie de notre étude et réflexion sur
la famille, nous tâcherons ensemble, comme toujours,
de regarder autrement ces « choses » qui
trahissent nos apparences. Ainsi, des avertissements
nous sont donnés non pas pour « punir »,
mais certainement pour mieux aimer et pour réparer
un monde désemparé dont la jeunesse ne
peut à elle seule, assumer l’entière responsabilité.
Rv/tr/fr 07/03/2005